Quels sont les symptômes d’une thyroïde gonflée ?

Comprendre le gonflement de la thyroïde : le goitre

Le terme « goitre » désigne une augmentation anormale de la taille de la glande thyroïde, située à la base du cou devant la trachée. Cette glande joue un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme grâce à la production des hormones thyroïdiennes, notamment la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Ces hormones interviennent dans le contrôle de diverses fonctions corporelles telles que la fréquence cardiaque, la température corporelle, ainsi que le développement et le fonctionnement du cerveau.

Le gonflement de la thyroïde, ou goitre, résulte d’une croissance excessive du tissu thyroïdien soit par hyperplasie, soit par accumulation de substances à l’intérieur des cellules. Ce phénomène peut être dû à une stimulation accrue par l’hormone thyréostimulante (TSH) en réaction à une diminution des hormones thyroïdiennes ou à des anomalies intrinsèques de la thyroïde. Cette augmentation de volume peut affecter la fonction et entraîner une gêne locale, nécessitant une attention médicale approfondie.

Les symptômes courants d’une thyroïde gonflée

Symptômes visibles et palpables

Le signe principal d’une thyroïde gonflée est la présence d’une masse ou bosse visible à la base du cou. Cette asymétrie parfois perceptible peut être unilatérale ou bilatérale et varie en taille de discrète à très volumineuse. Au toucher, la consistance du goitre peut être ferme, caoutchouteuse ou parfois molle selon l’origine et la nature de l’anomalie.

Le gonflement peut perturber mécaniquement la trachée et l’œsophage, ce qui peut provoquer une sensation de pression, un inconfort à la déglutition, voire des difficultés respiratoires dans les cas les plus sévères. Un goitre volumineux peut ainsi compromettre la qualité de vie par des troubles fonctionnels importants.

Symptômes généraux et fonctionnels

Au-delà des signes mécaniques, la thyroïde gonflée peut s’accompagner de symptômes liés à la modification de la production hormonale. Une hyperthyroïdie peut provoquer une nervosité accrue, des palpitations, une perte de poids inexpliquée, une fatigue paradoxale et une intolérance à la chaleur. À l’inverse, une hypothyroïdie peut engendrer une sensation de fatigue intense, une prise de poids, un ralentissement mental et des frissons. Pour comprendre ces symptômes, consultez notre guide Fatigue et thyroïde : reconnaître quand la thyroïde est en cause.

Par ailleurs, certains patients décrivent des douleurs cervicales ou une gêne locale persistante, ainsi qu’un changement de la voix, notamment une voix enrouée ou une sensation d’oppression dans la gorge, reflétant souvent la pression exercée par le goitre sur les structures avoisinantes. Ces symptômes varient beaucoup selon l’étendue, la nature et la cause du gonflement thyroïdien.

Causes potentielles d’une thyroïde gonflée

Goitre simple et carence en iode

La carence en iode demeure une cause fréquente de goitre simple dans le monde. L’iode est un oligo-élément essentiel à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Lorsque l’apport est insuffisant, la glande thyroïde est stimulée de manière chronique par la TSH pour compenser la baisse de production hormonale. Cette stimulation chronique entraîne une hypertrophie progressive du tissu thyroïdien, visible cliniquement sous forme de goitre.

Un déficit prolongé en iode peut donc provoquer un agrandissement diffus et symétrique de la thyroïde sans formation de nodules spécifiques. La correction de la carence en iode, grâce à une supplémentation ou un ajustement alimentaire, est souvent la première étape pour résoudre ce type de goitre. Pour en savoir plus, consultez notre article Top 10 aliments pour la santé thyroïdienne.

Goitre nodulaire et autres anomalies

Outre le goitre diffus, il est fréquent que des nodules apparaissent au sein de la glande thyroïde. Un nodule thyroïdien est une masse localisée qui peut être solide, kystique ou mixte. Ces nodules peuvent coexister avec un goitre ou survenir isolément. La majorité des nodules thyroïdiens sont bénins, cependant certains nécessitent une évaluation approfondie pour exclure une malignité, notamment par échographie et biopsie à l’aiguille fine. Pour mieux comprendre l'évaluation, voir notre guide sur le Bilan thyroïdien : quels examens demander et dans quel ordre.

Les nodules peuvent modifier la texture et la consistance globale de la thyroïde, et dans certains cas provoquer des symptômes compressifs ou hormonaux selon leur nature (fonctionnels ou non).

Causes inflammatoires et auto-immunes

Le gonflement thyroïdien peut aussi être la conséquence d’une inflammation. La thyroïdite, qu’elle soit subaiguë, chronique ou auto-immune, provoque un gonflement souvent douloureux et accompagné de signes généraux tels que fièvre ou fatigue. Parmi ces pathologies, la thyroïdite de Hashimoto est une maladie auto-immune très fréquente, caractérisée par une infiltration lymphocytaire progressive de la glande, conduisant souvent à un goitre diffus et une hypothyroïdie.

À l’inverse, dans la maladie de Basedow, une autre pathologie auto-immune, la thyroïde est souvent hypertrophiée avec ou sans nodules, associée cependant à une hyperthyroïdie. L’inflammation auto-immune est donc une cause majeure de goitre, souvent accompagnée d’altérations du fonctionnement thyroïdien nécessitant un suivi médical spécialisé. Consultez aussi pour approfondir la notion des crises thyroïdiennes l’article C’est quoi une crise de thyroïde ?.

Différencier un goitre d'autres causes de gonflement cervical

Lymphadénopathies et ganglions enflés

Il est important de distinguer un goitre d’autres causes de gonflement du cou, notamment les lymphadénopathies, qui sont l’enflure des ganglions lymphatiques. Ces ganglions peuvent gonfler en réponse à des infections, des inflammations ou parfois des maladies plus graves comme des cancers.

La localisation des ganglions, leur mobilité, leur consistance ainsi que leur caractère douloureux sont autant d’éléments cliniques qui permettent de différencier une adénopathie d’un goitre thyroïdien. En général, les ganglions sont plus mobiles que la thyroïde et leur gonflement ne modifie pas la forme globale du cou de la même manière qu’un goitre.

Kystes et autres masses cervicales

D’autres masses cervicales, telles que les kystes branchiaux ou thyroglossaux, peuvent aussi simuler un gonflement thyroïdien. Ces kystes sont des formations bénignes, souvent visibles dès l’enfance ou la jeunesse, qu’il est possible de différencier par certains signes cliniques et examens complémentaires.

Enfin, les tumeurs bénignes ou malignes des tissus mous, des glandes salivaires ou même des vertèbres cervicales peuvent s’exprimer par un gonflement localisé au cou. Une évaluation médicale complète, incluant souvent une imagerie, est indispensable pour déterminer la nature exacte d’une masse cervicale. Pour approfondir la surveillance des anomalies thyroïdiennes suspectes, voir nos articles sur les premiers signes d’un cancer de la thyroïde et Détecter les premiers signes d’un cancer de la thyroïde.

Pourquoi consulter un professionnel de santé ?

Il est essentiel de rappeler qu’aucune recommandation médicale spécifique ne peut être donnée de manière générale sans consultation et examen personnalisé. La découverte d’un gonflement au niveau du cou doit amener à consulter un professionnel de santé, qu’il s’agisse d’un médecin généraliste ou d’un endocrinologue. Pour mieux savoir comment choisir et travailler avec un spécialiste, consultez Comment choisir et travailler avec un endocrinologue pour votre thyroïde.

Un diagnostic précis est la clé pour déterminer la cause exacte du goitre ou d’un autre gonflement cervical, évaluer son retentissement fonctionnel et décider du traitement adapté. Le suivi médical est capital, notamment pour éviter les complications, surveiller la fonction thyroïdienne et intervenir tôt si nécessaire. Retrouvez des ressources utiles sur le guide pas-à-pas pour la thyroïde et le guide des signaux d'alerte.

En conclusion, en présence d’une masse au niveau de la thyroïde ou du cou, il est fortement recommandé d’engager un dialogue avec un spécialiste afin d’obtenir un bilan clinique et biologique complet et de bénéficier d’une prise en charge adaptée à chaque situation.

Sources

  • Jameson JL, Mandel SJ, Weetman AP. Harrison's Endocrinology, 3rd Edition. McGraw-Hill Education, 2019.
  • De Groot LJ, et al. Endotext [Internet]. MDText.com, Inc., 2020. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK285550/
  • Greenspan FS, Gardner DG. Basic and Clinical Endocrinology, 10th Edition. McGraw-Hill Education, 2017.
  • American Thyroid Association. Thyroid Nodules and Cancer. https://www.thyroid.org/thyroid-nodules-cancer/
  • Vanderpump MPJ. The epidemiology of thyroid disease. British Medical Bulletin. 2011;99(1):39–51.